La soirée était belle. Telle se présentait l’arrivée de l’hiver et de tous ses bonheurs quotidiens. La fraicheur galopant sur les peaux fraiches de ces dames rencontrant leurs plus chauds vêtements, le crépuscule à l’orée des nuages rosant l’horizon et bien évidemment, la rentrée des fonds et la mise à nue des comptes de la société. Car cela rentrait aussi dans les beautés diverses débarquant avec l’avènement d’un nouveau mois. Pour les fêtes, il arrivait à Aveil de se montrer clément. Il accordait à quelques personnes ayant contracté un prêt à son égard un délais supplémentaire. Cela semblait leur faire tellement plaisir et bien que le temps fût de l’argent, tout cela était très justifié. Effectivement, ce délais supplémentaire n’était accordé qu’à des personnes dont il était estimé que la probabilité pour qu’elle puisse rembourser la somme due était très faible. Ainsi il se permettait d’offrir à son équipe un cadeau pour les fêtes. Dans ces cinq personnes choisies, deux ou trois viendraient se soumettre à la somme due, un parviendrait finalement à rembourser parfois en s’endettant ailleurs et enfin, il y aurait au moins un fuyard. C’était là que se trouvait le lot.

Il n’était un mystère pour personne que le patron avait le sens du « bon délire ». De même, il aimait estimer que tout travail méritait salaire et que tout bonus de fin d’année demandait travail. Aussi, il avait décidé de cumuler le bonus de l’intégralité de son équipe en une somme. De là, les cinq endettés étaient uniquement confronté à l’usurier qui les sélectionnaient à l’ombre de ses employés. Le soir suivant la fin du nouveau délais, l’équipe était rassemblée et il revenait au boss de choisir cinq chef de groupe choisissant les membres de leur coalition. Dès lors, le nom était sortit et il leur revenait de trouver l’individu au plus tôt. Tous n’avaient pas nécessairement le même sens de l’humour qu’Aveil@ mais tous connaissaient la valeur de l’argent et quand l’intégralité des bonus étaient répartis dans l’équipe gagnante, la motivation était bel et bien présente. L’un des aspects cocasse de cette chasse à l’homme était qu’elle était parfaitement légale. Dans tout contrat le liant à un débiteur, la mention rendait sa pourchasse légale. Le pouvoir de la signature était bien là.

Le brun sortit de sa douche et attrapa une serviette de bain qu’il roula autour de sa taille. De là, il entra dans sa chambre, s’habillant. Il prenait son temps, arrangeait le moindre détail devant le miroir. Se coiffait précisément au peigne fin. Après tout, il allait devoir féliciter l’équipe vainqueur. Dans les couloirs régnait un silence absolu. Febe, son assistante avait un bonus assuré mais participait tout de même au jeu pour la forme. Après tout c’était aussi là un moyen de délocaliser ses employés de leur travail pour leur ôter l’idée que leur profession était particulièrement controversée. Aveil n’avait aucun problème de conscience. Simplement la situation l’amusait beaucoup. Il ne pouvait bien évidemment pas intégrer une équipe. C’était une fois arrivé mais le brun n’avait fait que brouiller les pistes. Etant donné qu’il se fichait du bonus, il était un très mauvais coéquipier bien qu’il en savait plus que n’importe qui. Il fallait dire que cette erreur n’avait été commise que par des nouveaux membres, mis à part eux, tous savaient qu’ils ne pouvaient pas considérer le patron comme un allié ou encore un ennemi tout simplement car il était trop sujet à son intérêt propre qui était des plus obscure. L’animateur resserra le noeud de sa cravate une dernière fois, le faisant remonter sans pour autant que celui-ci n’évoque trop de sérieux. Puis, il ouvrit son placard, y prit un fleuret qu’il accrocha à sa ceinture avant de se diriger vers son lit. Dessus était posé un dossier. Qu’il ouvrit. Il sourit.

« Bien joué, je n’avais pas pris la peine de l’intégrer dans les règles du jeu. »

Le dossier avait été consulté derrière son dos. Le patron se sentait fier de ses employés s’impliquant à tel point dans un jeu de sa création. Il prit l’assemblage de données qu’il plaça dans la poubelle située à côté de la porte. Malheureusement, il avait prévu ce genre de comportement et tenait tout de même au fait qu’il y ait une recherche sur le terrain. Quelques malins iraient donc se perdre au mauvais endroit. Le dossier en question avait déjà été classé et tous les renseignements se trouvaient dans la tête du brun. La véritable aventure commençait à Tradimento ville où le fuyard s’était réfugié. Son nom était Pierre Hugues Bonchamp. Un français comme on pouvait s’en douter donc bien évidemment quelqu’un qui chercherait à fuir à l’étranger d’autant plus qu’il n’avait pas de famille sur place. Un bateau quittait justement au matin le port de Tradimento et dans le cas où il serait encore en liberté à ce moment là, Aveil le laisserait partir. La somme empruntée était certes importante mais il était bon joueur et il n’y avait absolument aucune raison de considérer qu’il n’avait pas le droit d’être intègre à la partie. Ce jeu avait effectivement beaucoup plus de sens depuis qu’il s’était établi sur une île. Du temps de Florence, du fait de l’aspect peu pratique et du terrain, du manque de délimitation physique et de l’implication de la mafia locale pensant rendre service quand elle massacrait un client qui aurait pu s’avérer rentable sous couvert « d’exemple ». Le patron enfilait son manteau le plus chaud et assez voyant pour l’occasion. Il n’aimait pas particulièrement la fourrure mais elle avait bien ses occasions. Il fermait la pièce, quittait le bâtiment souhaitant une bonne fin de soirée aux deux vigiles, une voiture l’attendait devant.

Le brun changea trois fois de voiture dans la soirée en passant par Regalo et en revenant vers Nordia. C’était là pour lui une façon de s’impliquer et de brouiller les pistes car maintenant, il allait enfin pouvoir s’impliquer dans la course. Suite à un vote au début de la manche, Aveil avait dû attendre une heure avant de pouvoir quitter le bâtiment mais désormais, il comptait bien entamer e plus excitant. Qu’y avait-il de mieux que de guider ses chers employés sur la mauvaise voie, de faire courir des rumeurs sur la présence du suspect, de prétendre soit même à être intéressé en sa capture empochant ainsi tous les gains. Finalement, la dernière voiture l’abandonna aux portes de Tradimento. Il avait fait attention à ne pas faire appel à ses voitures mais à des sociétés différentes pour ne pas donner d’indice. Pourtant, un nouvel élan de fierté s’installa dans les yeux du patron qui vient poser sa main sur son coeur, l’air touché. Il y avait déjà pas mal de mouvement dans Tradimento signe dans un premier temps que le détail du français n’était pas passé inaperçu et que ses effectifs commençaient à être réellement bons mais aussi que la tâche n’allait pas être simple car personne n’avait la photo, juste un nom pour une ville bien animée. L’usurier commença à s’avancer. Il était temps pour lui de mettre son grain de sel même si les règles ne l’avaient pas empêchées de recruter d’autres employés de façon exceptionnel pour palier à l’handicap l’ayant enfermé dans le bâtiment. Oups.

Aveil avait bien entendu parler des mafias qui sévissaient sur l’île. Il avait pu remarquer dès ses débuts que leur grand nombre et l’espace limité leur donnaient généralement une puissance limitée localisée dans une métropole. Ce facteur n’était qu’une bonne nouvelle pour les affaires du brun qui pouvaient se faire une place sans que l’on vienne l’emmerder. Il ne détestait pas les mafias. Il était simplement prêt à écraser celles voulant placer ses services sous leur coupe pour contrôler ses faits et geste. Il fallait comprendre à cela que le pauvre homme tenait à sa liberté. Néanmoins, parmi elles, il y en avait bien deux qui sortaient du lot. Du moins s’il était possible d’appeler la première une mafia. Elle se prenait pour une organisation bienfaitrice et bien que portant le nom de mafia, n’agissait absolument pas comme telle. Oui, c’était bien là de l’arcana dont il était question, située à Regalo. La première fois qu’il en avait prit connaissance. Il avait été difficile pour le patron de ne pas rire. Après tout, qu’était une mafia sans la crainte et la puissance qu’elle inspirait au territoire sous sa coupe. Effectivement, ce n’était pas grand chose. Toute fois, s’ils avaient l’intention d’agrémenter les livres pour enfant, au combien c’était comique ce n’était pas là l’affaire d’Aveil. La seconde basée à Tradimento était aussi appelée Momento était plus délicate. Pour sa part, elle se comportait en vrai mafia, cherchant l’influence, la puissance et les fonds mais elle était plus influente que les petites couvrant l’île et c’était là un problème. Tradimento était certainement un marché sans précédent et très rentable mais le brun n’y avait pas accès pour la simple raison que cette « famille » montait la garde. Aussi, il devait patiemment attendre que les miséreux de la ville viennent jusqu’à lui dans Nordia pour ne pas être en tort. Il avait bien sa publicité par le bouche à oreille mais c’était insatisfaisant et particulièrement frustrant.

Effectivement, la Momento était un frein économique en puissance et tous rapports quels qu’ils furent avec elle était un problème. Bien évidemment, il était absolument hors de question de s’allier à celle-ci de quelque façon que ce soit car cela reviendrait à renoncer à toute l’autre partie de cette île. Beaucoup pensaient que cette embrouille entre ces deux mafias ne concernaient qu’elles et leurs alliés mais c’était faux. Les neutres étaient particulièrement affectés, pour le meilleur et pour le pire. Encore que l’arcana ne le dérangeait pas tant que ça. Mais allez faire comprendre à certains, que vous n’êtes pas leur ennemi mais pas leur ami non plus. Oui, généralement on finissait par s’y casser la figure bien que dans ces pseudos problèmes diplomatiques, Aveil était toujours parvenu à trouver une sortie plus que correcte. Mais bon, qu’aurait été la récompense s’il elle n’était pas rendu difficile par la ville. A tradimento, ses employés étaient bien loin de chez eux mais devaient bien s’adapter pour faire leur travail et c’était là tout le plaisir de la chose. Bien évidemment, il ne semblait pas y avoir d’exception pour le brun qui fût intercepté à l’entrée de la ville. Il n’allait pas non plus courir et se faire oublier, ce n’était clairement pas son genre et il avait bien du mal à croire qu’on puisse ne pas se souvenir de lui. Sa présence était un atout mais aussi un handicap. C’était certainement pour cette raison qu’il faisait signer les contrats plutôt que traîner les débiteurs jusqu’à l’aboutissement de leur dette. En arrivant, le patron fût un peu déçu de voir qu’il n’y avait en tout qu’une seule personne pour garder les portes de la ville. La Momento se laissait aller alors qu’il avait imaginé en faire un obstacle à sa course. Quel dommage. Le brun soupira et continua de marcher sans vraiment s’en rendre compte. Une personne ou l’absence totale de garde revenait après tout globalement au même. Pour cela, il ne s’attendit pas vraiment à la poignée qui vint le retirer en arrière.

Sans un mot d’abord, il commença à reluquer le colosse. Ah, oui, assez impressionnant bien qu’Aveil préférait jauger avant de juger. Il pencha un peu la tête sur la droite afin de trouver un meilleur angle. Effectivement, de ce côté là, il paraissait légèrement plus effrayant. Après fallait-il encore que ses employés le regardent avec cette inclinaison. Le brun était légèrement fasciné. Le personnage avait réussi à le surprendre et c’était une bonne chose. Il avait très certainement du potentiel et le patron était assez curieux de le voir. Non, il n’était bien sur pas question de le recruter. C’était un Momento, il était très bien où il était mais à l’avenir, c’était une bonne chose à savoir. Il resta droit comme un piquet quand l’inconnu vint s’appuyer sur son épaule et qu’il déposa le manteau sur sa tête. Aveil enleva assez vite le manteau, il était gênant et ne lui permettait pas de voir correctement. Il ne prêta pas vraiment attention au vêtement en lui même. Il observait juste sa star. Il passa la paume de sa main droite dans ses cheveux pour se recoiffer un petit coups puis continua de fixer l’individu, cette fois, la tête à nouveau droite. Il n’avait pas l’air d’avoir peur le moins du monde au contraire, il semblait que la meilleure idée du monde venait de lui arriver à l’esprit. Le brun enleva l’appui de son épaule délicatement sans quitter l’individu des yeux.


Le brun écarta un peu le manteau de son visage et reconnu la veste portée par celui qu’il cherchait. Il n’avait pas moyen de l’oublier et maintenant se sentait dégouté d’avoir été en contact avec son odeur. Après tout, il aurait été difficile d’imaginer l’endetté s’acheter un nouveau manteau bien que le patron avait déjà accepté d’octroyer un prêt pour ça. Au même moment, il commença à entreprendre de tourner autour du Momento, toujours en le reluquant. Il paraissait faire son petit shopping. Décidément, la dégaine était interessante, il pouvait réserver des surprises, ce qui était un grand plus mais là capuche était peut-être de trop. C’était un cliché parmi d’autres mais après négociations, il lui serait peut-être autorisé de la garder. Tout en continuant d’en faire le tour, le boss plia le manteau sur son bras gauche et ramena sa main droite à son manteau, hochant légèrement la tête de haut en bas comme si son idée paraissait se conformer dans son esprit. Décidément, le choix était dur. Il pouvait décider de rester et succomber à sa curiosité ou essayer de passer et pourrir la vie de ses employés. Il y avait des nouveaux cette année donc le résultat pouvait être intéressant. D’autant plus qu’il pouvait toujours essayer de graisser la patte de l’individu dans le cas où il refuserait de le laisser passer. Encore fallait-il qu’il accepte. Aveil trouvait depuis toujours ridicule ce penchant de certains à ne pas vouloir se laisser corrompre, L’argent était important, il en proposait pour un service qui ne coutait rien et certains refusaient. C’était certainement la meilleure. Mais il ne sentait pas qu’il allait en avoir besoin. Après deux tours complets dans le sens des aiguilles d’une montre, le brun jeta le manteau au sol. Il avait trouvé plus intéressant et il n’était pas dans ses heures de travail.


Là, il était partit loin déjà et il fallait réussir à l’arrêter. Encore, fallait-il que l’autre partit ait une réaction purement négative.

Ce n’était un mystère pour personne le fréquentant couramment, ce cher Aveil vivait dans une dimension, légèrement à part. S’il avait fallu la définir, elle aurait été en biais par rapport à la réalité. Il la percevait mais au moment de la réception et de l’interprétation, il paraissait y avoir un problème. Ce n’était un mauvais bougre en soit. Il était cordial, attentif, un peu mesquin tout de même mais qui ne l’était pas. Sa seule différence étant que contrairement aux autres, il ne savait pas mettre un frein à ce qui était pour lui un potentiel générateur de plaisir. En soit, il n’était pas de désagréable compagnie, bien au contraire. On apprenait néanmoins à s’en méfier avec le temps (j’allais écrire « sang »…). Il fallait dire que son sens du ‘’plaisir’’ était assez peu répandu et plutôt imprévisible. Autrement dit, il pouvait soudain vous dénoncer grâce à la simple motivation de soulever une intrigue. Et ce, sans tenir compte du fait que vous étiez son ennemi ou même son allier. En soit, il n’était donc pas si mal qu’il ait gagné le statut de neutre sur cette île. Après tout, même s’il avait voulu se mettre au service ou collaborer avec une des mafias, celle-ci aurait très vite compris le danger auquel elle s’exposait. Car Aveil n’était fidèle qu’aux femmes qu’il aimait.

C’est avec cette idée se scenarisation intempestive que le brun étudiait le Momento. Admirer son physique n’était qu’une première étape. A chaque personnages, il fallait un caractère propre, un potentiel pouvant créer des noeuds et repoussant le dénouement. La seconde étant d’étudier son comportement pour en tirer les mêmes déduction. La première de celles-ci était assez simple. Il était tactile, vraiment tactile. Il l’avait attrapé par le bras, lui avait envoyé un manteau, décoiffé, repoussé d’un doigt. Ce n’était pas vraiment un doute à avoir. Il était aussi du point de vue de l’usurier un peu rustre. Non dans le sens où il serait complètement dénué de bonnes manières ou encore comme inintéressant. Car c’était généralement comme des cas désespérés et bons à jeter aux ordures que le brun avait tendance à les voir. Le bon point étant qu’il n’était pas l’air d’un poivron alcoolique au chômage. Il n’en voyait que trop dans son bureau et préférait s’en passer à l’extérieur. En effet, il préférait voir l’individu autrement. Après tout, il avait un travail et semblait-il un minimum d’autorité ce qui l’écartait de cette catégorie pour en faire un potentiel morceau de charbon. Oui, exactement, il faudrait le travailler et le compresser un peu mais il pourrait bien devenir un diamant. Il était simplement trop brute pour l’heure. Il suffisait cela dit d’élaguer pour voir s’il pouvait être exposé ou jeté avec les autres déchets. Aveil sourit à son interlocuteur sans pour autant que paraisse dans ses yeux une once de regret pour son comportement.


Il fallait dire que le brun estimait qu’il était plutôt flatteur d’être reluqué de la sorte avec intérêt dans que ce n’était pas dans un dessin douteux. Par chance, celui de l’usurier était tout à fait louable et sans grande incidence pour l’instant sur son interlocuteur. Néanmoins, il acceptait de considérer que tous ne partageaient pas cette idée. Pourtant, Aveil se reconnaissait le droit de trouver cela bien étrange dans la mesure où quand on disposait d’un tel gabarit, on devait bel et bien se faire reluquer tous les jours. Ajoutez à ce curieux mélange le panneau lumineux « Momento » clignotant au dessus de sa capuche et le compte été bon. Donc techniquement, il n’y avait pas grand chose à réprimander. Ce n’était pas tout car qu’il l’eut cherché ou non, il était bel et bien en quelques sortes une bête de foire. Sachez que l’on ne positionne pas pareil spécimen à l’entrée d’une ville pour défoncer des crânes mais d’avantage pour dissuader. Donc oui, plus que de stopper, son rôle était de se montrer, donc d’être reluqué et donc de faire office de bête de foire pour les potentiels passeurs dont Aveil faisait partie. En somme, il était plutôt bien finalement qu’il le dévisage de la sorte puisqu’il ne faisait que suivre son rôle. Il était simplement légèrement moins hypocrite que les autres qui iraient le dévisager à l’instant où il leur tournerait le dos.

Il était tout à fait normal et légitime pour le brun de se demander à quelle fréquence son candidat fréquentait ces lieux. Après tout, s’il le perdait de vue, ce serait sans aucun doute tragique non seulement pour lui mais aussi pour tous ceux qui pourraient faire l’objet des conséquences de leur rencontre. Pour cette raison, il ne fût pas vraiment certain de la façon dont il devait accueillir ces éclats de rire. En règle général, c’était là le genre de réaction que l’usurier aurait typiquement mal reçu. Après tout, on pouvait bien avoir un certain sens de l’humour, qu’on se moque de lui n’était jamais une bonne chose. C’était très rare par ailleurs. Le dernier s’étant ouvertement moqué de lui et ayant douté de sa faculté à gagner sa place était… Comme qui dirait mort. Depuis, cela ne lui était jamais retombé dessus. Pourtant, il aimait rire. Il fallait dire que ses employés avaient eut vent de cette histoire et n’étaient pas prêt de s’y mêler. Parfois, ils paraissaient même oublier que la raison de la mort de ce type n’avait pas été cette moquerie de faible degré mais le fait qu’il avait voulu faire main basse sur l’indépendance du brun. A cette occasion, face à cet étranger, il ne parvint ceci-dit pas à se vexer. Il n’avait aucune raison de faire comprendre son sérieux à cet homme qui était étranger à ses affaires tout comme il n’arrivait pas à l’interpréter comme une agression. Il sourit même de plus belle malgré lui. Comme c’était étrange. Il parvenait à capter un sens de l’humour autre que le sien ne provoquant aucune grimace de méfiance. C’était amusant en soit. Il put aussi admirer le tomber de capuche relevant une de ses première déductions comme vraie. La capuche était de trop. Même sans celle-ci, on comprenait assez facilement pour quelle équipe il jouait. Le manteau était juste… de trop. Après avoir été à nouveau décoiffé, le patron renonça à réparer le tort à nouveau. Si leur entrevue devait continuer, il y avait de fortes chances qu’il se fasse encore triturer. Il ne chercha pas à répondre d’avantage, c’était là lancer un sujet de discussion assez inutile. Aveil fut ravi d’assister à la démonstration d’autorité de la part de son interlocuteur. Cela revenait à justifier son hypothèse mais aussi à mettre une différence entre ce Momento et d’autres paraissant bien limités. Le brun parut surpris lorsque le roux reprit. Mettre la main sur un type ? Le laisser passer ? Il réfléchit un instant. Oui, effectivement, il y avait une histoire ressemblant à ça mais le pauvre était passé complètement à côté de la plaque avec sa nouvelle découverte. Il n’avait plus envie d’aller le chercher ou même de passer. Il était bien ici. Oui mais d’une certaine façon, cela le privait de raison de fréquenter ce spécimen. Il hésita un instant puis sourit de façon mesquine.


Aveil avait prit une décision. Il voulait voir ce que ce possible personnage principal pouvait donner dans le feu de l’action. C’était certes un coups traitre envers ses employés et le débiteur mais y avait-il eu une seule année où il n’avait pas été question de coups traitres. Tricher était dans les règles du jeu dès que c’était possible et il était tout à fait à l’honneur du tricheur de le faire s’il en avait l’opportunité. Pour autant, l’usurier ne comptait pas sur la participations de renforts de cette mafia. Cela viendrait à l’afficher comme collaborateur des Momento et lui fermerait des portes, beaucoup de portes. Si ce n’était que lui, c’était tout à fait satisfaisant. Mais si les sbires venaient s’en mêler, on perdait tout l’intérêt de la chose. Le brun se souvint d’un détail non négligeable et assez apprécié par ces temps. Cela ne l’engageait à rien et autorisait un possible retour. Il sourit d’une manière qui se voulut polie même si avec le temps, cette expression faciale en était venue à établir beaucoup de malaises. Il fixa son interlocuteur dans les yeux et tendit la main en face de lui.


Que dire de plus ? Précisément rien. Se présenter n’avait jamais fait de mal et puis avouons-le, la classe, ça s’invente pas et ça c’en était à l’état pur.