Avertissement [PV. Kyrielle - La Luna ]

♕ Avertissement

Chaque jour est semblable au précédent. Toute action se répète inlassablement tout en devenant plus précis et plus rapide. La montre à gousset attacher à ta taille te permet de t'assurer du temps passé pour chaque action. Le moindre retard ne sera toléré à tes yeux. Tu es le valet de Félicità et tu n'as pas obtenu ce titre par hasard. Tu as travaillé dur pour y parvenir jusqu'à ce rang. Même si la raison de ta présence à ses côtés est autre. En parallèle, on t'a nommé secrétaire en chef de la famille Arcana. Et tu consolides ses deux postes sans faiblir. Le tout, est de s'assurer que la journée se passe bien pour les membres dirigeants. L'horloge sonne quatre heures, l'heure à laquelle ta maîtresse prend son thé et des douceurs. Ce qui est parfait, car la préparation dudit amuse-bouche venait de se terminer. Les derniers préparatifs achevés, tu t'empares du plateau fermement. Puis, tu quittes les cuisines d'un pas décidé.

Rien ne peut ébranler ton travail, tes convictions. Ton visage est marqué par un calme olympien. Et pourtant, ton cœur pèse lourd et tes pensées sont marquées par les paroles des domestiques. Il est difficile à croire que tout soit vrai. Qu'il a une approche entre deux membres de ta famille, la mafia de Regalo. Tu ne peux imaginer qu'une de ces deux parties sait se montrer douce et accueillante. Que son cœur se remplit d'un amour véritable. Après tout, on parle de Jolly, un homme dont tu as toujours vu en lui la monstruosité de ses actes. D'une froideur qui provoque en toi un rejet constant tout en t'informant qu'il est dangereux d'être à ses côtés. Il est vrai que tu t'accroches à cette pensée sans imaginer qu'il puisse changer pour une femme. Mais tu ne parviens pas à l'imaginer en couple. En famille. Après tout, tu es toi-même le fils du pactiseur de la lune. Il ne t'a jamais offert l'amour d'un parent vis-à-vis de son enfant.

Alors, non. Tu penses que toutes ses rumeurs sont infondées. Une simple chimère comme les femmes aime tant raconter dans les couloirs. C'est ce que tu as cru, jusqu'à ce que tu entendes cette phrase : « Kyrielle s'est installé dans les quartiers de Jolly. »

Le plateau te lâche des mains. L'argenterie se retrouve brisée en mille morceaux, déversant ton travail durement effectué. Une simple faiblesse de quelques instants, qui pourtant t'es intolérable. Il faut que tu conclues ta tâche jusqu'à la fin, mais ton esprit se bloque à cette information. Tu remarques à peine les inquiétudes d'une domestique, assistant à la scène. Tu gardes un instant la tête baissée, avant de la soulever, tout en lui faisant ton sourire habituel. Un faux.

« Désolé. Ça m'est juste glissé des mains. »

Non. Il a de quoi s'inquiéter. Ceci n'est pas ans tes habitudes de flancher à la moindre information déstabilisante. De plus, tu prendra un retard considérable pour la journée à nettoyer ton erreur, et ceux même si la domestique t'aide. Dès l'instant où tout sera remis en ordre et que cette scène soit totalement effacée du sol, tu te remets au travail.

Après de courtes excuses, tu sers ta maîtresse et amie sur la terrasse, car le soleil était magnifique. Tu martiens ta position de serviteur jusqu'au bout, alors que ton esprit est ailleurs. En tant que secrétaire, tu connais le nom de Kyrielle et sa fonction au sein du groupe. Une femme qui ne laisse pas le moindre homme indifférent et très jeune. Les rares fois où tu l'as croisé, elle s'entourait une sorte d'un voile de mystère. Jusqu'à présent, l'idée de lui parler n'a jamais traversé ton esprit, mais en entendant cette rumeur, les risques qu'elle encoure à rester près de cet homme t'inquiètent. Tu ne peux la laisser sombrer sans l'avertir.

Félicità t'interpelle dans ses pensées. Tu émerges dans la réalité tout en t'excusant. À vrai dire, tu ne parviens pas à te focaliser à ton travail. Et cela se voyait en vue de ses tremblements à peine perceptif.

« Je... Ne me sens pas bien. »

Tu prends congé presque immédiatement, afin d'évider des questions d'ordre personnelles, mais surtout qu'elle est capable de lire dans ton cœur. Elle ne doit pas voir cette confusion dans ton esprit, qu'elle découvre que ta vie privée et professionnelle se mélange, proche de l'explosion. Que Jolly soit ton père. Tu te sens minable, abattu. Le pire, c'est qu'il affecte ton travail sans que tu puisses te reprendre. Et ce couloir qui s'est soudainement allongé. Pour une fois, tu aurais souhaité qu'il soit court. Tu désires échapper à tes obligations afin de te reprendre. Mais même lui semble vouloir te priver de tes attentions.

Une femme étrangère passe à tes côtés dans une tenue impeccable. Une délicieuse nymphe dont l'unique regard te suffit à la reconnaître, puisque tu t'es efforcé de te souvenir des visages de chaque membre de l'épée. Une présence assez distraite, mais elle marque ton esprit à cet instant. Elle l'occupe entièrement.

Tu continues ta progression deux pas plus loin. Soudain, tu t'arrêtes.

« Kyrielle. »

Tu tournes pour lui faire face, toujours avec ce plateau à la main. Cette rencontre fortuite est sûrement le signe du destin. Une simple coïncidence dont tu dois en profiter, car il n'est peut-être pas déjà trop tard pour l'avertir sur la personnalité de cet homme. Mais, tu ne peux pas l'effrayer ou la froisser en lui parlant directement de ton père.

« Je suis ravi de vous voir. Il a eu un souci avec un rapport de mission. J'aimerais qu'on le règle toute suite dans mon bureau. »

Un simple mensonge. Un simple prétexte pour se trouver seul à seule avec elle. Ton timbre de voix retrouve son naturel habituel et ton visage reprend sa luminosité naturelle. Si ton apparence rappelle celui du bras droit de Mondo, ton caractère est l'opposé. Si elle refuse, elle en avait le droit. Cependant, ses mots ne lui permettaient pas pour autant de refuser, surtout si l'objet est purement professionnel. Encore un mensonge.

« Si vous pouvez me suivre à mon bureau. »

Layout by moi

Cela faisait maintenant quelques jours. Peut-être même une semaine. Elle n'en savait trop rien. La pauvre fille avait alors la vague impression d'être sur son petit nuage. Tranquille, à vive un rêve, que rien ni personne ne pouvait chasser. Faut avouer, elle était de nette meilleure humeur en ce moment. Et à juste cause. L'homme dont elle était amoureuse lui rendait ces sentiments, mieux encore, elle pouvait pleinement vivre sa relation avec comme si. C'était parfaitement normal. Et en effet c'est la réaction qu'il voulait avoir. Avoir une relation des plus normales. Rien de caché, pas comme s'il s'agissait juste d'une amante du soir que personne ne devait connaître. C'était juste une romance à la Jolly. Rien de bien forcément mignon, inutile d'espérer le voir débarquer avec un bouquet de fleur et un cheval blanc juste pour les beaux yeux de sa belle. Non. Passer du temps avec c'était tout ce qu'elle demandait et c'était ce qu'elle avait. De quoi la rendre heureuse en somme. Elle était juste parfois déconcentrée au boulot, mais bon. Il se trouvait que son beau brun parfois venait. Il se trouvait des excuses mais la dernière fois il était venu l'aider. Il avait fait le déplacement pour elle. Parce qu'il ne souhaitait pas la voir se faire blesser. Et très franchement, la demoiselle en venait à se demander ce qu'elle devait marquer dans son rapport lorsqu'elle l'avait fait. Rien ne s'était passé comme prévu, mais en prime un supérieur qui n'a rien à faire ici et qui ne se déplace jamais pour quelque chose qu'il ne jugerait pas utile était là. La belle affaire. De quoi faire encore bien jaser. Alors qu'on l'avait déjà mise dans une situation un peu de mal être quand on avait voulu lui poser des questions sur cette fameuse soirée. Rah. Un jour les gens comprendrons qu'on appelle pas la vie privée. Vie justement privée pour rien. Mais bon. On ne pouvait pas leur reprocher cette curiosité soudaine. Il s’agissait là du bras droit de Mondo. Le type un peu à faire peur de service et surtout le mal aimable. L'homme capable de ternir l'image de la Famiglia à lui tout seul quoi. Eh bien non. La pauvre demoiselle, juste parce qu'elle était amoureuse, se contentait d'avoir des yeux rêveur en pensant à lui. Et à rougir et changer de sujet quand on abordait le sujet. Bref. C'était encore récent, mais il n'y avait rien à tirer de la jeune femme. Heureusement qu'ils s'étaient un peu calmés. Du moins. C'est ce qu'elle pensait.

Ayant mal aux pieds. Après avoir marché toute la journée, avoir dût quitter sa chambre extrêmement tôt pour faire partie de la patrouille en ville comme tous les jours. C'était une journée vide mais fatigante qui se terminait. C'est peut-être plus dangereux. Mais la demoiselle préférait les missions un peu plus. Acrobatiques on va dire. Enfin bon. Elle prit du coup la direction eh bien. De la chambre de son homme. Récemment il avait obtenu un double des clés qu'il avait fait faire pour elle. Chose qu'elle gardait très précieusement sur elle. Pour pouvoir rentrer, prendre une douche et se changer. Bref. Rien de bien exceptionnelle. Chose que tous le monde rêve de faire après le boulot. Mais ce ne serait pas du programme en fait. Pourquoi ? Ben. Tout simplement à cause d'un interpellation dans les couloirs. Sursautant. La pauvre fille sortit de ses pensées. N'ayant même pas fait attention à la personne qu'elle avait dût croiser quoi. Y a deux pauvres secondes ?

- H-hein quoi ? Elle se retourna vers lui. Oh pardonnez-moi, je ne vous avez pas vu.

Petite demoiselle fort polie. Très, si ce n'est le récent événement elle avait le profil type de la demoiselle à qui on a rien à lui reprocher et qui fait tous très bien en fait. Elle était serviable, polie et faisait bien son boulot. Que lui reprocher ? Fixant alors la jeune homme. Il lui fallut deux petites secondes pour se rappeler et surtout reconnaître qui il était. Luca. Le chef du secrétariat, le valet et ami de sa patronne. Mais aussi le fils... De son amour. Dit comme ça. Il y avait de quoi avoir une légère boule dans la gorge. Et Kyrielle l'avait. Et l'avait eut le soir où elle l'avait sût. Mais comment lui reprocher ? Ce n'était pas anormale. Au contraire. C'était juste un fait qu'elle préférait oublier. C'était juste Luca... C'est tout. De toute façon c'est un secret à ne pas ressortir à la légère de ce qu'elle en avait compris. Déglutissant. Se demandant tout de même ce qu'il lui voulait. Elle se mit à réfléchir lorsqu'il lui parla d'un soucis dans un dossier. Ah bon.. ? Hésitante, elle le suivit tout de même sans faire d'histoire jusqu'à son bureau.

- Ah bon.. ? D'accord alors. Je vous suit.

Une fois chose faite. La petite brune resta alors debout devant lui. Droite comme un i, presque tel un petit soldat au garde-à-vous. À chaque fois qu'elle était convoquée dans une bureau, la pauvre Lune donnait l'impression qu'elle était punie. Convoquée dedans le professeur qui allait la punir ou autre. Faut dire qu'elle ne voyait pas où était le problème. Allait on lui reprocher quelque chose ? Ou alors remarquer quelque chose de bizarre chez elle. Notamment sa vieille non appartenance forcé aux Momento. Se grattant nerveusement la joue. Et jouant alors nerveusement avec la protection de son arme de l'autre. Elle finit par demander timidement.

- Heu.. Alors... Quel est le soucis ? J'avoue être en train d'y réfléchir mais je ne vois pas. Je vous écoute Lu.. Monsieur.

Elle avait merdé. Elle voulait tenter d'être comme toujours. Comme elle l'aurait fait avant. Mais elle avait buté sur la façon de l'appeler. Monsieur ? Ou alors son prénom ? Que voulait-il qu'elle dise ? Etant donné la relation qu'elle entretient avec Jolly c'est compliqué. Mais c'est étrange car ils sont les deux bien plus âgés qu'elle, mais aussi bien plus élevés dans la hiérarchie. Rah. Elle n'aime pas faire les choses simplement il faut croire...