Assis sur le bord d’une table de l’atelier, Chealsey admirait pour la première fois le ciel depuis cet endroit. Il n’y avait pas à dire, ces artisans avaient bien mérités leur salaire. L’idée de base n’était pas mal non plus. Une ouverture au plafond ajoutait un certain charme que cette pièce n’avait originalement pas. Pendant la durée des travaux, L’atelier avait été déplacé chez l’anglais et les miroirs qui encerclaient la surface, couverts par des draps. A présent, la seule précaution que le jeune homme devrait prendre serait celle de faire attention à ne pas attraper de coups de soleil. Le verre était épais et ne laissait passer qu’une partie de la lumière. Traversant les branchages, une lampe pendait au milieu de cette fenêtre. Pour éviter les réflexions trop fortes, une manivelle accrochée à une table et passant derrière les miroirs permettait de couvrir l’espace, faisant avancer progressivement une sorte de rideau de bois jusqu’à la lampe. Cette journée s’était avérée particulièrement calme. Deux clients sérieux. Un venu pour une réparation, un autre pour un achat. Les autres n’avaient étés que quelques curieux se posant des questions sur ce commerce. Durant les heures d’ouverture, Chealsey pouvait désormais s’absenter du comptoir. Une clochette avait pris place près de la porte du magasin, avertissant de toutes entrées. Même si celle-ci restaient plutôt rares en comparaison de la boutique de son père,  les choses allaient en s’améliorant. Jusque-là, tous ses clients s’étaient montrés satisfaits de son travail. Le bouche à l’oreille faisant sa part, le nombre de ses habitués augmentait doucement.

Se laissant retomber sur ses pieds tout en prenant garde à ne pas subir une perte d’équilibre, le jeune homme prit la porte du magasin. Arrivée dans la partie côtoyée par le publique, il jeta un coup d’œil par la vitre alors qu’il se dirigeait vers le comptoir. Derrière celle-ci, deux hommes. Assez chaudement vêtu pour le temps, depuis que l’anglais était passé dans « l’arrière-boutique », ceux-ci n’avaient pas bougés. Ils continuaient simplement de discuter sans mettre un pied dans le commerce. Chealsey posa ses coudes sur le comptoir et fixa les individus qui s’avéraient de plus en plus suspects. Depuis que ces deux-là avaient commencés à s’enraciner, pas un seul client n’était entré. Il ne pouvait pas laisser les choses ainsi. La dernière chose dont il aurait rêvé aurait été de perdre sa clientèle aussi facilement. Ces personnes faisaient vraiment mauvais genre. Effleurant le comptoir du bout des doigts alors qu’il s’éloignait du comptoir, le blond franchit la porte d’entrée faisant tinter la cloche. A sa sortie, les deux hommes se tournaient dans sa direction. Le jeune homme exposa un sourire chaleureux.


L’accent de l’anglais avait doucement évolué depuis son arrivée. Ayant franchi l’étape du mélodiquement incorrect il avait depuis peu pénétré dans la phase du « charme outre-mer ». Encore particulièrement audible mais maintenant agréable à l’oreille. Généralement, cette partie plaisait particulièrement. Bien évidemment, il finirait avec le temps par obtenir un accent inaudible à force de dialogue. Un des hommes était vêtu de gris. Le second, de noir. Chacun d’eux avaient un énorme sac. Le premier regarda son escorte qui hocha la tête. Puis, il ouvrit un des sacs doucement. Chealsey se figea. Si ces types étaient bien aussi suspects qu’ils en avaient l’air, le contenu pourrait être dangereux. Après quelques secondes, le contenu fût dévoilé. Deux instruments en piteux états. On aurait pu croire qu’ils avaient étés mis aux ordures. Le genre d’éléments qui n’avaient par ailleurs rien à faire dans un sac. L’homme vêtu de gris referma la besace.


Le blond les aurait avec plaisir renvoyés d’où il venait leur disant simplement que réparer ces choses couterait plus cher que d’en racheter des neufs et qu’à moins d’en racheter un immédiatement ils n’étaient pas les bienvenus. Le coup de la valeur sentimentale ne prenait pas. S’ils avaient étés d’une quelconque importance, ces instruments seraient dans des étuis. L’anglais les fît entrer leur ouvrant la porte et restant agréable comme il savait si bien le faire. Quelques minutes suffirent pour que Chealsey remarque qu’effectivement, ces personnages n’en avaient pas après des renseignements de ce genre. Alors que l’un donnait des indications inutiles sur la chose, le second regardait la pièce se baladant et jaugeant le terrain. Le jeune homme fît mine d’analyser les instruments les faisant tourner entre ses doigts. Écrins devant être changés, caisses de résonnance hautement endommagées. Le diagnostic de base était le même que celui que venait d’effectuer l’anglais. Lorsque l’homme vêtu de gris arriva devant la porte de l’atelier, le blond le suivait du coin de l’œil. Il reposa le violon sur le comptoir.


Alors que le second revenait doucement vers le comptoir, Chealsey expliquait au premier tous les problèmes liés à ses instruments. Plutôt que de les jeter dehors, il devait se montrer professionnel et bien sûr continuer de surveiller le sac qui n’avait pas été ouvert. Lorsque son accompagnateur l’eut rejoint, l’homme vêtu de noir rangea les instruments dans sa besace sans la moindre délicatesse. Au travers, l’un des objets percuta le sol.


Intérieurement, le blond bouillait alors que les deux personnages franchissaient la porte d’entrée sans avoir enlevé leurs chapeaux de toute cette entrevue. Tout avait été bon pour agacer le jeune homme qui se collait au mur, croisant les bras et fixant la porte. Pour détourner leur attention il aurait certes put faire la proposition en l’air de leur faire visiter l’atelier un jour si ça les intéressaient. Ils ne méritaient cependant pas même ce mensonge. Ils étaient partis comme ça ? Avaient attendus au moins une demi-heure devant la vitrine alors que pour ce renseignement il leur aurait suffit d’entrer ? C’était étrange. L’anglais retourna au comptoir et passa sa main en dessous saisissant un outil laissé là. Ce n’était peut-être pas là la bonne utilisation mais il restait coupant. Chealsey ne souhaitait pas se retrouver désavantagé si ces types revenaient avec des intentions « moins pures ». Il rangea l’outil sur lui, assez facilement accessible et invisible pour une personne qui ne viendrait pas tâter ses hanches.

Au tintement de la clochette, tel un prédateur protégeant son territoire, Chealsey focalisa son attention sur la porte pour voir le personnage avancer. Il fût ravi de constater qu’il ne s’agissait pas du deuxième chapitre de l’ouvrage « Les mal élevés de Regalo. » Le jeune homme laissa retomber la main qu’il avait mécaniquement portée jusqu’à la position de l’outil. Puis s’avança vers l’arrivant. A peine quelques minutes après que les enracinés soient partis ? Leur présence aurait donc clairement nuit à la clientèle. L’autre possibilité était simplement que ce nouvel arrivant rentrait dans la catégorie « complice » d’un probable coup monté. Si tel était le cas, on ne pouvait pas dire que la dentelle était de mise et le blond hésitait entre une œuvre relevant du génie ou de la stupidité la plus incohérente. Après tout, arriver juste après le départ de ses camarades, s’afficher à visage découvert, observer le magasin avec aussi peu de discrétion. Quand L’anglais était-il devenu si paranoïaque ? Il était courant qu’il voyait le mal partout et souvent pour peu de résultats. Cette situation paraissait particulièrement ridicule après mure réflexion.

Toujours irréprochable dans sa tenue comme dans son expression amicale, une idée venait de murir dans l’esprit de Chealsey. Ce potentiel acheteur paraissait appartenir au groupe des touristes. Un curieux de plus n’ayant peut-être jamais touché un instrument de sa vie. Pourrait-il éventuellement le surprendre. S’avérer être un fin connaisseur ravi d’apprendre qu’une boutique de ce genre avait été mise sur pied. Le regard du jeune homme s’échappa quelques secondes sur les doigts de l’arrivant. Il ne pouvait pas bien des voir. Voilà qui était bien dommage. Il aurait pu savoir s’il s’agissait là bien d’un musicien. Le blond était incapable de statuer mais la solution la plus logique était de le garder à portée de main. Même si ce type était peut-être avec les deux autres, Le blond aurait déjà bien des difficultés à s’en sortir seul face à ces deux-là. Il ne savait pas se battre et était clairement désavantagé. Si le duo se transformait en trio avec ce nouvel arrivant, l’anglais serait tout autant en difficulté. Si au contraire il n’était pas dans le coup, peut-être pourrait-il s’avérer d’une quelconque aide. Chealsey tendit la main à l’inconnu attendant une poignée de main.


Un pacte. Dans l’esprit du jeune homme,  s’en avait tout l’air. Il ne pouvait pas prévoir la suite des évènements. Il ne pouvait pas dire si son choix avait été aussi judicieux qu’il l’estimait ni même si les deux nuisibles allaient salir à nouveau le parquet de la boutique en le foulant. Il se fiait simplement à son rôle. Il était conscient qu’il était temps qu’il se fasse des allier. Il ne connaissait pas bien la ville et sans support, sa vie ici finirait par s’écrouler comme un château de carte. Sa vie, il devait la construire. La rendre parfaite, faire la fierté de sa mère et ne plus se laisser surprendre par la tournure des éléments. Le mensonge commençait déjà prenant la forme d’un premier pilier de cette relation en débit de la forme qu’elle prendrait par la suite. La farce n’était pas grande. L’anglais irait effectivement faire ce thé s’il obtenait la confirmation. La seule tromperie était dans le fait qu’il l’aurait fait dans tous les cas. Le « tea time » ? Et puis quoi encore ? Une habitude ridicule remontant tous les jours à la même heure. Une cérémonie semblant bien puérile pour le jeune homme mais qui était intègre à son personnage.

Qui était-il pour être surpris de ne pas connaître ou prétendre ne pas avoir eu vent de l’ouverture de cette boutique ? Comme Chealsey en avait pris conscience, Regalo était une ville plutôt étendue. A moins d’en parcourir chaque rue toutes les semaines, avoir connaissance de tous les commerces paraissait chose impossible. Cet individu devait bien avoir une profession. Il n’avait pas l’allure du padrone de la ville. Dans le cas où il en viendrait à évoquer une nouvelle taxe assurant contre certains désagréments particuliers, le blond serait fixé. Ce détail restait particulièrement dérangeant.

« Il est normal qu’il soit encore peu connu. Contrairement à un restaurateur, ce magasin vise une certaine clientèle. Je viens de grande Bretagne, Londres plus précisément. »

Londres, grande ville aux milliers d’habitants une botte de foin dans laquelle la moindre recherche n’a que peu de chances d’être couronnée de succès. On en vient, on y va, on y naît ou on y meurt. Le blond n’appréciait décidément pas ce pays, il n’y avait aucun doute là-dedans. Voilà que l’arrivant hésitait à serrer la main qu’on lui tendait. Il y avait donc bien un second chapitre au recueil des mal élevés. Une peur d’attraper la peste Londonienne ? Chealsey avait le sentiment d’être le seul en droit de détester les anglais. Quand la poignée de main fût échangée, il resta sur sa position. Sa personnalité la plus charmante ne pouvait après tout pas plaire à tous, la majorité était la plus importante. L’anglais fût tout de même légèrement vexé que ce personnage n’ait pas su savourer son délicieux accent. Sa période « sublime » n’était qu’éphémère et il y en avait encore pour ne pas la sentir. Voilà qu’on lui demandait de l’appeler par son prénom. Encore une fois, les bonnes manières n’étaient pas à l’honneur mais ce n’était pas plus dérangeant que le jeune homme l’aurait souhaité. C’était peut-être là bien une marque de mépris mais il n’appréciait pas particulièrement son nom de famille et se faire appeler « monsieur Hawkwood » lui semblait toujours aussi étrange. « Pace » au contraire ne ressemblait en rien à ce que le blond rencontrait couramment. Ce ne serait pas un nom de famille. Peut-être un prénom, voir même un surnom. Donné de cette façon ? Il n’y avait pas des centaines de façon d’avoir sa réponse.


Si Pace n’était pas son nom de famille, il le reprendrait surement. Peut-être même en viendrait-il à faire glisser son nom complet dans la conversation. Chealsey lui tourna le dos et avança vers la porte de son atelier, la refermant derrière lui. Le mot « commander » avait été étrangement sélectionné. Tous avaient leur façon de communiquer pourtant l’anglais avait tendance à corriger ce qui ne lui semblait pas correcte. Ou d’avantage ce qui ne franchirait pas ses lèvres. Il y avait plus important. Avait-il rêvé ou un sous-entendu particulièrement vicieux était passé par la dernière phrase de ce Pace ? Il avait chuchoté. Ce n’était pas la première fois qu’une avance de ce genre était faite. Le blond n’avait pas grand-chose à craindre. Ce genre de sous-entendus déplorait habituellement un déplorable manque de confiance en soi. Le modèle de défense du jeune homme était particulièrement efficace pour ce genre de situations. La naïveté conséquente portait généralement au désespoir. L’atelier franchit, Chealsey enclencha le gaz et mit une casserole d’eau sur le feu avant d’ouvrir les placards les uns après les autres. Où l’avait-il mise. Il mit enfin la main sur un pot de confiture. Il avait du pain ? Apparemment oui. Le blond n’appréciait pas tout ce qui était sucré mais gardait malgré tout un pot de confiture au cas où, celle-ci se conservant particulièrement bien. Il revint particulièrement vite. Il n’aimait pas laisser quelqu’un dans sa boutique. Il reviendrait d’ici peu pour le thé. Dans tous les cas, l’air chaud enclencherait un son lorsque l’eau serait en ébullition, chose qui risquerait de prendre un peu de temps. Les pieds dans la boutique, il posa le plateau sur le comptoir. Une cuillère, du pain, de la confiture.

Ce Pace n’avait décidément aucune gêne pour demander quelque chose de pareil. Le mieux aurait peut-être été que ce soit effectivement un sous-entendu. Encore une fois, Chealsey ne pouvait pas lui mettre un coup de pied au derrière pour le faire sortir. Il avait après tout souhaité qu’il reste. De temps en temps, entre deux sourires, le jeune homme lançait un regard à la porte. Savait-on jamais. Il préférait de loin la présence de Pace à celle des deux précédents ingrats.


Chealsey engloba le mot « sac » en démontrant la forme avec ses bras au même instant. La façon dont il évoquait les deux personnages faisait penser à une réaction des forces de l’ordre. Faisait-il partie d’une forme de milice ? Un policier « flânerait-il » dans les rues ? S’il appartenait vraiment à l’autre petit groupe, le génie qui aurait pu surprendre allait désormais trop loin. Dans tous les cas, ne pas trop en dire devait être la meilleure initiative.

Se faire pardonner ce qui ne relève pas du savoir-faire de Chealsey. Un sujet sur lequel il devrait pencher plus tard. Pour l’heure, peu de ce que pouvait dire Pace irait provoquer le jeune homme d’avantage. Il préférait les restaurants ? Qu’il en fût ainsi. Les raisons de s’inquiéter sur l’aspect politiquement correct paraissaient faiblement fondée. Après-tout, l’arrivant avait fait bien pire. Le blond pourrait peut-être monter une échelle pour classer chacun des propos en fonction de leur côté déplacé. Ce jeu promettrait d’être amusant. Si leur rencontre venait à se reproduire, il n’y échapperait surement pas. Le coup du faux remord serait particulièrement apprécié par cette nouvelle graduation. L’anglais ajouta un rire léger à son sourire. C’est ce que se devait de faire toute personne civilisée dans ce genre de situation. Se moquer de la presque gêne occasionnée et soulignant ainsi que la réflexion n’a pas laissé de marques.

Ce n’était donc pas son nom de famille. Enfin, certaines personnes s’appelaient par celui-ci en faisant usage comme on l’aurait fait pour un prénom mais ce personnage semblait s’écarter de cette classe-ci. Si tel avait été le cas, le refus de ce titre n’aurait pas été justifié par un manque d’habitude. Chealsey connaissait donc probablement le prénom de ce personnage. Pour autant, il se sentait désavantagé. Il avait dût fournir la totalité et on ne lui en rendait qu’un bout. A peine commençait-il à s’en préoccuper que la suite de la phrase arriva. Âme d’enfant ou d’ado en chaleur ? Le jeune homme aurait pu remercier de tout son cœur et sauter au cou de Pace si celui-ci s’était abstenu de recommencer. Il fallait qu’il arrête de chuchoter. Quel âge avait-il ? Insister ne rendrait pas un sous-entendu plus audible. Il ne ferait que rendre la situation à la limite du pitoyable. Pace était finalement peut-être plus dangereux que les deux autres guignols. Depuis quand l’anglais devait-il s’inquiéter d’être considéré comme une collation ? Il n’était pas de la nourriture, il ne jouait simplement pas dans cette cours.



Le blond prît une mine inquiète. Il était certain qu’à force de bêtise le cerveau retombait au point mort. Un caillou bloquait le système respiratoire. Chealsey avait l’avantage de la médaille en apnée. N’étais-ce pas là l’occasion d’arrêter de parler ? L’anglais priait presque pour que sa volonté se réalise. Il s’imaginait déjà un filtre révolutionnaire parant contre les âneries à venir. Pace eut l’air de vite s’en remettre. Il ne s’étouffait pas ? Ce n’était qu’un rire. S’il était nerveux, c’était plutôt bon signe. Il n’y avait pas eu besoin de lancer un caillou pour qu’il réalise l’impact de chacun de ses mots. Un élan de fierté prit Chealsey au cœur un petit instant avant qu’il ne redescende sur terre. Il venait de soupirer ! Ne pas hurler, ne pas lui sauter à la gorge. Le blond était gentil, compréhensif, bien sur lui, bien élevé et pratiquait particulièrement l’auto-persuasion. Une mauvaise réputation pour sa boutique à peine un mois après son ouverture n’était pas la bienvenue. Il devait se tenir à carreaux plus qu’il ne le faisait d’habitude tant qu’il n’aurait pas formé son cercle de fréquentation.



L’arrêter ! Et puis quoi encore ?! On n’empruntait pas des chaises comme ça au voisin sur un coup de tête. Par ailleurs, ce ne serait surement pas pour le compte. Les chaises seraient ramenées dans SA boutique. Le concept était simple. Bien évidemment qu’il disposait de chaises dans son arrière boutiques mais le comptoir n’était pas la table d’un restaurant. Son usage n’était pas celui-ci et il n’y avait que ce support qui pouvait être nettoyé sans aucun risque d’abimer les instruments. Chealsey commençait à se détacher du comptoir. Cette fois, il ne voulait plus le laisser seul. Il n’avait pas détruit la boutique à sa dernière absence mais le jeune homme voyait cela d’avantage comme un miracle. Il avait l’impression d’avoir en garde un enfant. Un enfant troublé par des pensées obscènes et qu’il n’emmènerait sous aucun prétexte dans l’arrière-boutique pour les mêmes raisons. Il allait falloir que Pace arrête de changer d’expression, ce devenait très troublant, ses paroles ajoutant à l’anglais une tension émotionnelle peu courante. Oui, le blond aurait presque eut envie de pleurer devant pareil spectacle. Quelque chose, maintenant, n’importe quoi ! La cloche teintât, Chealsey tourna simplement la tête. Suffisamment pour voir l’arme braquée sur son crâne. Il en avait décidément bien pour sa retenue mais levait doucement les mains. Il n’allait pas risquer sa vie pour quelques miettes de fierté. Pace était devin ou complice. Il n’y avait pas des centaines d’alternatives. Les deux hommes étaient revenus, avaient ouverts leur second sac et lancé au sol le premier. Armés ? Oui. Le modèle ? Aucune fichtre idée. Ah, il y en avait bien une. Pointée sur sa tête c’était mortel.



Comme c’était original. Chealsey allait définitivement pleurer s’il en ressortait. Non à cause d’un traumatisme. Peut-être simplement à cause de la connerie humaine. Le jeune homme effleura Pace du regard. Visiblement, lui-aussi était pris pour cible. L’homme en gris pour le blond et celui en noir pour le gars à la confiture. Quelle belle intrigue. Cette fois, l’anglais ne put s’en empêcher. Ses pensées étaient stockées depuis trop longtemps. Il allait provoquer une petite infraction à la règle. Très bas, et regardant le sol pour être plus convaincant, Chealsey bégaya presque.


C’était vrai et particulièrement drôle selon les critères humoristiques du jeune homme. Un jeu de mot dans toute sa splendeur. Leur dire où il y avait de l’argent ? Ils étaient chez un luthier ! Avec le peu de clients que le blond accueillait chaque jour, autant dire que la caisse n’avait pas le temps de se remplir. Il avait bien droit de s’amuser un peu. Après tout, il allait peut-être mourir. Ce devait être une drôle d’expérience. La curiosité de l’anglais en fût aiguayée.

S’il y avait quelque chose pour le déranger. Y avait-il vraiment besoin de le préciser ? Il avait cru que Pace s’étouffait car  ses poumons avaient cessés d’alimenter les monstruosités qui sortaient de sa bouche. Chose qui aurait pu s’avérer logique à la longue. viva la rivoluzione ! Ça sonnait mieux en Italien qu’en anglais, Chealsey devait bien le reconnaître. Il ne pouvait pas dire ça ? Véridique, une autre formulation serait plus appréciée.

Le blond prit une mine rassurée. Oui, ça rendait bien. Il fallait dire qu’entre les sautes d’humeur de Pace, il y avait quelques questions qui valaient la peine d’être posées. Ce personnage semblait vraiment être le genre qui s’agiterait pour pas grand-chose. Ne serais-ce que sa façon de tenter de justifier l’inutile paraissait naturelle comme venant de lui. Le blond commençait à s’y faire et en tirait une certaine déception. Si le malotru était partit avec un sévère avantage en connaissant son nom et son prénom, il le perdait comme une passoire où l’on s’amuserait à couler de l’eau encore et encore. L’eau aurait représenté son avantage. C’était bien dommage. Il aurait pu en tirer profit et s’aplatissait de telle sorte. Ceci s’ajoutant au regard de celui-ci comme hypnotisé par la confiture, tout ce qui avait précédé perdait tout son sens. Chealsey ne savait simplement plus où il en était. Si Pace était vraiment le padrone de cette ville et qu’il revêtait constamment cet attirail comportemental, son entreprise devait s’avérer bien laborieuse. Quand la voie de monsieur mystère commença à retomber doucement, un mot résonna dans l’esprit du jeune homme :   « piano ». Plutôt bien réussit. Une bien belle intonation. Avec un peu d’entrainement, il pourrait apprendre le solfège et devenir son client. Non. C’était là probablement une très mauvaise idée. Le blond n’avait effectué une chose proche de l’enseignement qu’une seule fois. Cette situation ayant particulièrement mal tournée, l’expérience ne serait probablement pas bonne à prendre.


Il n’aurait jamais cru avoir besoin de le préciser pour ralentir l’aplatissement d’une personne. Malgré ses mauvaises manières, en comparaison des deux revenants, Chealsey n’avait absolument rien contre Pace. Il était lui aussi pris pour cible. Symbole qu’il n’était pas un padrone. Si ce fut le cas et que ce n’était qu’une mascarade, il ne tenterait pas de négocier et conseillerait d’accéder directement aux requêtes. Ce devait être un soulagement pour les éventuelles « mafia » présentes sur le territoire.  Il n’avait pas l’air particulièrement efficace comme allié par contre. Ah oui, il ralentissait les deux personnages. C’était après tout son rôle de base. Le blond n’étant pas la seule cible potentielle, la situation était bien plus complexe à gérer. La suggestion de Pace plaisait bien à l’anglais. Tout pourrait se résoudre autour d’une tasse de thé. Enfin, le café était bien mieux apprécié par le palais de Chealsey. Une utopie à tous rompre. Simple et… bon, effectivement un peu trop simple. Voyons si les autres y étaient réceptifs.
C’était loin de ressembler à une sympathique « pourquoi pas. » C’était par ailleurs un peu vulgaire. Quel dommage par ailleurs lorsque l’on savait que l’eau devait déjà bouillir. Rester bloqué alors qu’un feu risquait de démarrer dans sa cuisine était plutôt gênant. Le jeune homme se mordait l’intérieur de la joue pour oublier l’arme qui était collée sur son front. Ce n’était pas tellement l’idée que l’homme en gris puisse appuyer sur la gâchette à n’importe quel moment. En fait, à partir de l'instant où son « collègue » avait monté d’un ton, l’arme était rentrée en contact avec la peau du jeune homme. Étant donné l’originalité fulgurante dont le duo faisait preuve, Chealsey craignait que le canon de cette arme ait trainée dans une bouche. Peut-être durant une torture savait-on jamais. L’idée de base restait peu ragoutante. L’homme en noir fît un signe de tête à son coéquipier et voilà que celui-ci attrapait brutalement le bras de l’anglais pour le guider d’en l’arrière-boutique, laissant Pace et ce qui devait être le boss dans la boutique. D'une certaine façon, le jeune homme était un peu jaloux de cette situation. Celui qui l'accompagnait avait une arme à feu et ressemblait à un sous-fifre. Son personnage était peut-être particulièrement inoffensif mais étais-ce là une raison pour le dénigrer de la sorte ? De plus, l'homme en noir resté avec Pace était lui armé d'un couteau. Les coupures pouvaient s'avérer être de magnifiques éléments de décoration sur la peau. Au contraire, les impacts de balle faisaient plus... bâclé. Il n’y avait pas des dizaines d’options. Ils allaient devoir franchir l’atelier. Il était évident qu’à ce moment-là le blond ne paraissait pas particulièrement à l’aise. En y regardant de plus près, son visage aurait même pu évoquer quelque chose de similaire à de la peur. La porte passée, l’homme en gris la referma derrière lui. Un instant le jeune homme souhaitais qu’un mépris suffisamment porté puisse ronger l’âme du méprisé. Celui-ci à peine entré ne perdit pas de temps pour envoyer Chealsey contre le bureau au centre de la pièce. Il leva les yeux au ciel l’arme toujours pointée sur l’anglais alors que celui-ci s’accrochait au bureau. Non seulement ce type lui manquait de respect comme ça ne lui était jamais arrivé mais en plus il se permettait de lui faire des bleus.


Le blond restait mué. Il était hors de question qu’il lui fournisse le plaisir de répondre. Cette pièce n’était pas comme les autres. L’individu semblait ne pas avoir remarqué l’autre porte et se regardait d’avantage dans les miroirs longeant les murs du cercle que représentait la pièce. Il ne visait plus le jeune homme mais l’avait tout de même à l’œil rappelant de temps à autre qu’avec ces miroirs, il repérerait le moindre de ses gestes. L’homme de gris avait renoncé à obtenir de l’aide de Chealsey. Celui-ci semblait tellement éprouvé par les sentiments que cette réaction paraissait normale. Il était vrai que certaines pièces en réparation pourraient être revendues à un bon prix au marché noir. Le jeune homme se raidit lorsque une exclamation particulière attira son regard vers un certain miroir. Il avait trouvé quelque chose. Que pouvait… Le blond se crispa et tendit sa main sur la gauche où il saisit la manivelle permettant d’isoler la pièce de toute la lumière provenant du plafond. Il était hors de question qu’il lui laisse le privilège de toucher cet objet. Il en était hors de question. Qu’allait-il faire ? Le jeter dans son sac ? Hors de question, hors de question. Chealsey était désormais chez lui, il avait monté cette pièce. L’homme en gris avait tort de se montrer aussi peu méfiant.

Se laissant glisser le long de la table jusqu'au sol, le jeune homme tourna la manivelle aussi vite qu'il en était capable. La réaction de l'homme en gris fût immédiate. Un coup de feu partit, suivit d'un bruit d'éclatement. Des éclats de miroir tombaient au sol et le blond porta sa main à sa tête, légèrement sonné par le bruit violent. Il n'était pas blessé. Il fallait dire que dans une obscurité quasi totale, l'avantage des miroirs se changeait très vite en handicap pour une personne ne connaissant pas la salle. L'homme en gris n'avait par ailleurs surement pas pris la peine de repérer l’interrupteur. Deux autres coups suivirent, tirés un peu au hasard. Chealsey savait que si ce personnage continuait de tourner autour du bureau même lentement, il finirait par le trouver. Le blond attrapa une boite. Dedans se trouvaient des vices qui n'avaient pas sues trouver leur utilité lorsque le bureau avait été monté. la table montait presque jusqu'à la lampe suspendue au plafond en son milieu. Le jeune homme ouvrit la boite et la renversa sur le sol quand un reflet indiqua que l'ennemi arrivait. Celui-ci localisant Chealsey accéléra le pas, relevant son arme. Les visses effectuant le travail, l'homme en gris partit en arrière. Sa tête vint heurter le rebord du bureau avant qu'il ne retombe sur le sol, son arme glissant plus loin. Avalant sa salive, l'anglais commença à se rapprocher à genou. Respiration saccadée, vision troublée. Il ne voyait que le mal en cet ennemi qui avait tenté de porter atteinte à son violon. Son violon était sa mère. Il ne laisserait personne le toucher. Il ne le supporterait pas. Le jeune homme arriva à auteur de l'inconscient. Il avait dans sa main gauche l'outil. Quand l'avait-il sortit ? Peut-être étais-ce la façon dont allait s'achever cette situation. Dans tous les cas, l'homme en noir ne tarderait pas à venir si il avait entendu les coups de feu. Pourquoi n'était-il pas encore là ?

Chealsey interrompit l’envol de son outil vers le ciel, prêt à redescendre pour réduire à néant ce que fût et ce qu’aurait été l’homme inconscient sous les yeux du jeune homme. Selon lui, il méritait de s’en aller. Alors pourquoi s’arrêtait-il ainsi. Il avait entendu un bruit dans la boutique qu’à ce moment-là, tout son corps lui hurlait de l’ignorer. Il se tourna malgré tout un instant en direction de la porte. Un prix devait être payé pour cet affront. Pourtant, la poigne de l’anglais sur l’outil s’attendrissait. Etait-ce si compliqué d’hotter une vie ? Pourtant, il ressentait la nécessité absolue d’en venir à bout. Son visage refaisant son chemin jusqu’à la victime de sa colère. Le blond s’arrêta en cours de route. Dans les miroirs non brisés, il apparaissait encore. Il n’était ici qu’une ombre. Un reflet dans l’obscurité. Petit, on lui avait souvent dit à quel point il ressemblait à sa mère et chaque jours il espérait la retrouver en se contemplant dans un miroir. Il comptait créer une proximité qui n’avait peut-être jamais existée. Pourtant, à cet instant, c’était bien sa mère qu’il voyait dans le miroir. Une forme sans grâce prête à tuer par soif de vengeance. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ce n’était pas l’enfant modèle tant désiré. Quelques larmes filèrent sur les joues de Chealsey. Il ne voulait pas faire de peine à sa mère. Elle qui avait tant désiré faire de son fils quelqu’un de bien. Pourquoi n’arrivait-il pas à devenir le costume qu’il avait enfilé ? Il n’était simplement pas à la hauteur mais continuait d’essayer. Le jeune homme statuait sur son incompétence. Son incapacité à réaliser le rêve le plus accessible de la personne qui lui était la plus chère.

Se recroquevillant légèrement, l’anglais laissa retomber l’outil qui après avoir percuté le sol, s’immobilisa au milieu de quelques vices. Une douleur froide prît le blond qui rapprocha sa main droite de ses yeux. L’obscurité avait beau réduire sa vision, il pût y voir ce qu’il n’avait pas sentit. A s’oublier de telle sorte, il n’avait pas perçu que des bouts de miroirs avaient entaillés sa main. Ridiculement petits, certains logeaient encore dans sa peau. Pour le violoniste qu’il était, ses mains représentaient beaucoup. A force d’avoir serré cet outil, l’état des entailles s’était progressivement dégradé. Alors que du sang coulait doucement sur sa main, Chealsey la ramena contre son torse comme la gardant égoïstement du reste du monde. Il recula et se cola, dos à un miroir en bon état. On ne pouvait pas en dire autant de l’homme en gris qui gisait encore à terre. Avec la quantité de vices qui avaient étés répandues sur le sol, la possibilité pour qu’il soit déjà mort n’était pas à exclure. Elle parvenait au même point que celle incitant à croire que son choc violent au bord de la table lui aurait peut-être brisé la nuque.

Le jeune homme n’avait rien à y rajouter. Il ne comprenait pourtant pas. Personne ne rappliquait pourtant ça ne saurait tarder. Après tout, l’homme en gris avait bien tiré un total de trois fois, ce qui aurait pu s’avérer inquiétant. Dans ce cas, le jeune homme venait simplement de se laisser tomber dans une embuscade. Pour autant, il n’en était pas particulièrement affecté. Aucune envie d’avancer et de chercher l’arme tombée au sol. Aucune envie de se placer en un coin stratégique. Juste le terrible besoin de fermer les yeux et de se laisser glisser loin de là. A quoi bon rouvrir les stores. Après tout, que serait une seconde de plus dans cette obscurité. Un instant auprès de sa mère. Un fragment d’air entrant et sortant de son corps. Une miette d’un avenir prêt à être rongé par la vie. Le sang des entailles présentes sur la main du blond avaient déjà dût couler sur sa chemise. La porte de la boutique s’ouvrant, Chealsey se contenta de fermer les yeux. Il ne voyait que ça. N’en attendait tout simplement rien de plus.

Son nom, oui, ce devait être son nom qui revenait dans l’air. La voie, Chealsey n’avait pas de grande difficulté à l’associer au nom de Pace. L’appeler de cette façon passa comme une preuve de de stupidité pour le blond. Après tout, à moins d’être tenu en otage et forcé à dire, ça, les raison le poussant sur cette voie pourraient difficilement être autres que sa victoire sur l’homme en noir. Au contraire, le malotru n’avait aucun moyen de savoir s’il en avait été de même pour l’anglais. Comment un jeune carrément timide sur les bords et profondément inoffensif aurait pu venir à bout de l’homme en gris ? Tout simplement le laissant s’exploser la tête sur la table. L’erreur stratégique était tellement flagrante que Chealsey eut un léger pincement au cœur et rouvrit les yeux, tout doucement.


Sa voie n’avait peut-être pas traversé le miroir collé sur la porte mais hurler ne rentrerait pas en concordance avec son personnage. Dans tous les cas, rien qui ne s’était passé dans cette pièce n’avait suivi ce schéma. Fort heureusement, l’unique témoin était inconscient et avait été inconscient pendant la pire partie. Quand Pace ouvrit la porte, un flot de lumière provenant de la boutique se déversa dans l’atelier. Ebloui, le jeune homme plissa les yeux un instant. La silhouette du malotru en contrejour, s’il ne s’était pas identifié alors l’anglais aurait eu beaucoup de difficultés à le reconnaître. Sa progression paraissait bien laborieuse depuis l’endroit où se trouvait Chealsey ce qui paraissait assez logique. Fragments de miroirs, vices et quelques douilles, le sol était bien couvert si on omettait le corps étendu. Le jeune homme n’espérait qu’une chose. Que Pace ne marche pas sur l’arme à feu. Jusque-là, les seules victimes avaient étés les miroirs. Une chance incroyable dans une pièce telle que cet atelier. Quand le malotru arriva à auteur du blond, il sembla surexcité. Le jeune homme le regarda faire sans bien comprendre d’où venait toute cette énergie. Lorsqu’il revint après avoir fait quelque chose avec sa chemise, l’anglais apposa une certaine résistance à la poigne de Pace.

C’était son bras, sa blessure. Que voulait-il en faire. Quand il remarqua le bout de tissus que tenait le malotru, il laissa le bras sous l’emprise de celui-ci. Le voyant l’emballer de telle sorte, le blond ne pût s’empêcher de sourire, ne serais-ce qu’un peu. Peut-être était-ce pour se moquer de soins si gauches s’étendant sur le bras alors que sa blessure était située sur sa main. Ou bien étais-ce car il avait du mal à le comprendre. Chealsey s’était servi de lui. Il l’avait en partie méprisée comme bien des personnes. Même dans le cas ou Pace ne serait pas conscient de cette réalité, s’apercevoir qu’on avait été embarqué dans une situation provoquant un danger de mort était assez évident. Il aurait dû partir dès qu’il s’était débarrassé de l’homme en noir. Peut-être aller chercher de l’aide. Venir tout seul était stupide, idiot, insensé, gentil. Ce dernier mot ne se plaçait que rarement dans le vocabulaire du jeune homme. Quand Pace tenta d’aider le blond à marcher, celui ne se laissa pas faire. Il n’était pas blessé à la jambe aux dernières nouvelles. Ce n’était pas non plus une blessure de grande envergure. Quelques entailles rien de plus.


L’anglais avait perdu son sourire authentique et avança doucement vers le bureau qu’il tâta de sa main valide jusqu’à finalement retrouver la manivelle qu’il tourna. Le plafond se dégagea et la lumière du ciel plongea dans la pièce rétablissant l’éclairage. Les miroirs reflétant celle-ci et englobant toute la pièce, Chealsey fût ébloui quelques secondes. Puis, il contourna le bureau, puis jetant un petit coup d’œil en direction de l’homme en gris, il prit l’étui, gardant sa main blessée à proximité de son cœur. Puis, il se retourna vers Pace.