On avait souvent tendance à oublier qu’Aveil était quelqu’un de bien. Oui, beaucoup s’offusqueraient de cette appellation à commencer par ses employés et ses débiteurs. Mais il fallait voir les choses autrement qu’avec le regard subjectif de quelqu’un ayant une dent contre lui. Il fallait l’observer de manière objective. Il était maniéré, propre et avait un certain bon sens. Certes, il ne fallait pas comparer bien et bon. Il n’empêchait que l’usurier se mettait au service de la communauté et que mine de rien, ceux qui auraient réussi à le rembourser auraient gagné quelque chose. Maintenant, ceux qui n’y arrivaient pas. C’était là tout le problème auquel il était confronté maintenant. Quel être humain tenant à son entreprise pouvait laisser la première personne le dérober sans rien dire ? Encourageant ainsi la fraude et la fermeture de son buisness? Absolument aucun et c’était tout à fait normal. A présent, la seule chose qui le différenciait de ces commerces, laissant passer cette injustice ou la laissant à des personnes aussi peu compétentes que les forces de l’ordre était qu’il savait faire les choses par lui même. Il agissait pour son bien et celui de ses employés, faisant ainsi bouger l’économie de Nordia.
Jusqu’à ce qu’il faisait était parfaitement légal. Il était en droit de faire travailler ses débiteurs pour son compte pour les dix années à venir si c’était nécessaire car le contrat stipulait qu’il pouvait, tout simplement. Dans ce cas, pourquoi s’en priver ? Ce contrat, même le fuyard l’avait signé car c’était une exigence pour lui prêter de l’argent. Une simple clause en cas de manquement aux engagements liant les deux partis. Néanmoins, il fallait reconnaître à ce contrat ses quelques imperfections. En effet, contrairement aux forces de l’ordre précédemment citées, le recours à la violence n’était pas toléré venant d’un particulier comme Aveil. En conséquence, d’un point de vue tout à fait théorique, il n’avait pas le droit de brutaliser quelqu’un lui devant de l’argent. Désormais, il s’agissait là de la théorie car son contrat, n’étant pas dans l’obligation de retracer la loi, ne lui interdisait pas et donc son usage ne représentait pas une clause de cessation. Autrement dit, non il n’avait pas le droit de casser le bras de ce type mais tant que celui-ci n’allait pas porter plainte il n’y avait aucun problème. Pour qu’il ne le fasse pas, il y avait tout un système fonctionnant sur l’intimidation. A priori, celui-ci était assez efficace étant donné qu’il n’avait jamais eu de problèmes avec la justice jusqu’à présent. Et pourtant, cela représentait déjà deux bonnes années sur cette île pour plusieurs centaines de clients. Il retenait moins leurs noms que les sommes qu’ils lui devaient.
Aveil fût plus que ravi d’entendre ce que son interlocuteur avait à lui dire. Passer plus de temps avec ce personnage représentant un moyen de mieux le connaître et de mieux juger son intérêt sur le long terme, c’était sans aucun doute une bonne chose. Du moins fallait-il encore être certain qu’il se plierait à sa condition de ne pas emmener quelqu’un d’autre. Cela ne ferait qu’amener un élément gênant dans une histoire où il n’avait bien évidemment pas sa place. L’expression du personnage fit légèrement sourire Aveil le brun d’autant plus satisfait. Il aurait après tout été décevant que ce personnage ne soit doué que d’une seule expression. Il fallait bien savoir varier les plaisirs et un personnage sans surprises était un personnage médiocre. Bien évidemment, il n’allait pas le décevoir.
« Tant qu’il est en mesure de payer sa dette. Qu’il soit esquinté ne représente pas un problème. »
C’était là une véritable liberté que l’usurier donnait à son interlocuteur. Oui car croyez le ou non, il n’était absolument pas du genre à inciter ses employés à la violence. Dans un premier temps car il ne souhaitait pas particulièrement leur imposer si ce n’était pas nécessaire, se permettant ainsi des personnes à son service de qualité n’oeuvrant pas pour une satisfaction purement bestiale. Dans un second temps à nouveau à cause de ce fameux contrat qui faisait que le débiteur pouvait porter plainte auprès des forces de l’ordres en cas de dommages physiques. Mais là, il s’agissait d’une personne en dehors de ses services et ayant déjà pour motivation d’attraper sa cible. Autrement dit, aucun lien ne pourrait être fait entre ses dommages et l’entreprise. Bien évidemment, l’argent pourrait être une trace s’il en venait à effectivement payer le roux pour ce service. Mais pour cela, fallait-il encore avoir une trace de fond et qui de mieux qu’une personne ayant pour habitude de jouer avec l’argent pouvait le cacher ? C’était une question rhétorique, merci.
Aveil serrait la main de sa star comme scellant à la fois leur rencontre mais aussi leur accord. Il n’oublierait pas son nom, il n’avait aucun doute à ce sujet. La fin de sa phrase vint apporter une surprise à laquelle le brun ne s’attendait pas. Bien qu’il pouvait dire que Mikelangelo n’était pas n’importe qui, il ne serait pas allé jusqu’à le donner chef de quoi que ce soit. Ce n’était pas un reproche bien évidemment. Simplement, on avait tendance à imaginer d’un chef un… panache différemment exprimé si l’on pouvait dire ? Ou peut-être tout simplement un travail autre qu’être posté à une frontière de la ville. Cela ne dérangeait pas tellement le brun mais le rendait quelque peu curieux vis-à-vis des autres dis « chefs ». Il ne devinait pas qu’il y avait d’autres chefs. Son nouvellement ami lui avait simplement dit dans sa phrase. Cela lui faisait réaliser qu’il pourrait être bon que tout de même par sécurité, il se renseigne vis-à-vis de ces mafias. Même s’il considérait pouvoir marcher tout à fait librement, l’usurier laissait faire le roux à sa convenance pour ne pas enrayer son imagination en pleine analyse. Par dessus son épaule, le brun voyait quelqu’un arriver, dire quelque chose à Mikelangelo. Il fronçait légèrement les sourcils espérant que ce ne serait pas là un imprévu de n’importe quelle nature qui viendrait bouleverser leurs projets même s’il s’agissait de la capture de son fugitif. Cependant, la direction changea alors qu’il continuait de marcher apparemment en direction d’une femme. Il y avait bien des critères de beauté mais en homme respectueux de femmes, Aveil ne se serait jamais permis d’en insulter une. Il eut un regard pour le moins déconcerté envers le roux lorsqu’il entendit sa façon de l’appeler. N’avait-il pas trouvé plus délicat ? Cela avait beau faire partie du personnage, il y avait des limites à tout et pour l’usurier, l’inconvenance en ce sens n’était pas vraiment un critère de qualité. Malgré la gifle de la femme qui selon Aveil était bien méritée, car oui, même lui en beau parleur qu’il était avait reçu des gifles pour bien moins que cela, le brun souriait à la femme comme pour s’excuser du comportement de son ami en son nom. Il fallait bien qu’il contrebalance cet outrage.
Pour ce qui était du reste soit la menace et cie, Aveil ne pouvait pas se montrer en donneur de leçons. Sans cela, son débiteur n’aurait pas fui jusqu’ici en abandonnant tout ce qu’il pouvait lui rester. Oui, il lui arrivait aussi de menacer des femmes voir même de les humilier quand cela était nécessaire mais jamais de bonne volonté. Finalement son ami ne faisait que son métier à cet instant donc autant dire que se mettre sur son chemin ne rimerait à rien et ce surtout quand si quelqu’un devait s’interposer entre Aveil et son travail, celle-ci se retrouverait aux devants de grands problèmes. Il regardait son interlocuteur alors que celui-ci suggérait la destination. Le brun fût légèrement déçu de la connaître tant il espérait du fuyard qu’il serait moins prévisible. Au moins, il préférait faire durer un peu l’instant. Il haussait les épaules, doutant que l’homme en question irait nul part.
« Et pourquoi ne pas prendre notre temps ? »
Il suggérait tout simplement. L’usurier n’appréciait pas particulièrement courir partout. Sans cela, il aiderait plus souvent ses employés sur le terrain après tout.
Arrivé à bon port, -Tuez moi pour cette blague ignoble- le brun prenait toujours son temps, particulièrement calme pour scruter à droite à gauche. La zone était plutôt dépeuplé ce qui limitait considérablement les chances de voir le personnage se déguiser pour passer pour quelqu’un travaillant ici. Du moins, s’il en avait eu l’intelligence ce qui aurait fortement étonné le brun puisque son fuyard était passé en force à l’entrée de la ville, cherchait à fuir l’usurier le moins tolérant de l’île et venait se réfugier dans l’endroit le plus prévisible au monde. Que de multiples éléments témoignant de sa stupidité malgré son courage. Oui, on pouvait parler de courage dans la fuite. Marrant n’est-ce pas ? Aherm ! Cela faisait beaucoup de hangars à fouille cela dit et pour savoir si le fuyard était un véritable singe qui grimperait sur les fondations pour se cacher sur les toits, c’était encore à décider. Il regardait donc Mikelangelo. Il pouvait bien
« Tu aurais une idée particulière ? »
Il avait bien les siennes mais il attendait de voir ce que ce personnage pouvait lui proposer. Savait-on jamais, il avait peut-être ses idées miracle ou encore complètement catastrophique mais de vous à moi, était-ce si important tant qu’on pouvait y prendre du plaisir ?